vendredi 30 décembre 2016

Le suicide du soleil



Aux premières perles de brume,
Sur la route du crépuscule,
Je voudrais baiser le bitume
Suant comme suent tes oscules.

Sous la clarté des réverbères,
Goutte l'eau lambine du soir
Qui me rappelle tant, très chère,
L'eau de la chair que j'aime boire.

Sur cette route qui s'allonge,
Vers l'alcôve, et s'allonge encore,
Les soubresauts de mon cœur longent
Les longs miles jusqu'à ton corps.

Il me tarde de voir, ma brune,
Dans ton regard, firmament noir,
Les étoiles luire et la lune
Percer la nuit comme un fendoir.

Je te rejoins, ma belle dame,
Nous irons, sous ce ciel placide,
Voir le jour voyeur rendre l'âme,
Quand le soleil se suicide.

Nous fêterons la nuit qui tombe,
Le sacrifice du soleil,
Nos petites morts, sur sa tombe,
Chasserons des yeux le sommeil.

Nous veillerons, mon aphrodite,
Jusqu'au moment où l'astre mort,
Des cendres noires, ressuscite,
Tendant ses tentacules d'or.

mercredi 28 décembre 2016

La chevelure des maléfices


 

Au bout de l'impasse des Plaisirs,
Patiente ta Fille de Joie,
À l'heure où s'éveille le désir
Pécheur de ses pores, de ses voies.

Elle t'attend, elle est en avance,
Avant toi, elle prit ce couloir
Teinté d'ombrages et de luisances,
Suave itinéraire au boudoir.

Elle attend là, où elle travaille,
Te chérir est son charmant labeur.
Sa récompense est la retrouvaille
De l’étreinte apaisant sa langueur.

Elle t'attend et elle est d'humeur
Hargneuse, elle  blâme ton retard.
Son silence aride de rancœur
Cache un pardon ruisselant bavard.

Prends garde au miel du fiel dans ses yeux,
Quand l'indulgence se mêle au vice,
Au dédale affolant, ses cheveux,
Où te perdre est un tendre supplice.

Son rire nu, sous le drap, se cache,
Elle aime sévir sans artifices,
Quand elle lève les bras et lâche
Sa chevelure des maléfices.

samedi 17 décembre 2016

Sue II



Quand le son des vagues façonne la cadence,
Ton regard léonin m'entraîne dans ta danse,
Comme le blanc d'écume, en dentelle s'avance,
Caresse le sable, recule et se relance,
Ô corps ophidien, ondule, mets en transe,
L'encens fou sur ta peau, tue-moi et recommence.

Roseau lascif penché, fait tant fifrer la brise,
Sève de vif-argent, cambrure que je frise,
Bassin où je m'arrime et ne lâche pas prise,
Fais-moi suer encore, Ô sueur qui m'attise.

Il demeure encore, où les sons d'entrain se taisent,
Son qui ne trompe point, du cœur que tu apaises,
Dans mon froid salorge, coule ton miel de braise,
Quand tu sues en douceur, quand tu sues à ton aise.